Un article de l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail publié le 08 septembre 2017
Votre solidarité est essentielle.
L’agresseur parie sur votre silence et votre crainte des représailles. S’il perçoit l’éventualité d’une solidarité, il préférera sans doute cesser ses agissements.
Si vous êtes témoin direct de harcèlement sexuel ou d’agression sexuelle sur un(e) collègue
Sachez d’abord que le code du travail vous protège. En effet l’article 1153-3 dispose : « Aucun salarié, aucune personne en formation ou en stage ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire pour avoir témoigné de faits de harcèlement sexuel ou pour les avoir relatés ». L’article 1153-4 du Code du travail sanctionne par la nullité toute mesure discriminatoire prise à l’encontre d’un témoin.
Votre solidarité peut prendre des formes diverses :
Nous ne pourrions mieux le dire que le Tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, dans un jugement de condamnation pour harcèlement sexuel du 30 novembre 2015 :
« Il apparaît d’ailleurs typique du harcèlement de vouloir « mettre les rieurs de son côté », ce qui a parfois pour effet de donner à la victime le sentiment que si elle s’offusque trop ouvertement de ces moqueries celles-ci risquent de redoubler tandis qu’en feignant de rire elle aussi, elle espère « sauver la face » devant les personnes présentes ».
Vous pouvez aussi intervenir en vous montrant solidaire de la victime qui exprime sa désapprobation face à des propos ou comportements à connotation sexuelle et montrer ainsi au harceleur que son comportement ou ses propos ne sont pas acceptables.
Vous pouvez également engager une discussion avec la victime et lui dire que les agissements dont elle est victime sont graves et qu’ils sont punis par la loi (harcèlement sexuel, agression sexuelle). Vous pouvez lui dire que si elle souhaite entreprendre des démarches, vous la soutiendrez (l’accompagner à l’inspection du travail, déposer une main courante ou une plainte, rencontrer la direction ou les délégués du personnel…). Il est essentiel de vous montrer soutenant sans prendre sa place et d’aller à son rythme.
Vous pouvez lui proposer de lui fournir un témoignage des violences dont vous avez été témoin, dont elle pourra se servir plus tard (voir plus bas).
Si vous n’avez pas ces rôles, vous pouvez lui proposer d’aller à la rencontre d’autres salariées témoins ou victimes des violences sexuelles pour l’aider à constituer un dossier.
Si vous recevez les confidences d’une personne victime de violences sexuelles
Vous êtes un parent, l’époux, le compagnon, l’ami.e, le/ la collègue, une association à laquelle les violences ont été rapportées. Vous avez probablement constaté sa souffrance en recueillant sa parole. Vous avez peut-être été témoin pendant de nombreuses semaines ou mois de la lente dégradation de son état de santé, des modifications de son apparence physique (elle a cessé de se maquiller, a changé de tenues vestimentaires, elle pleure souvent, a pris du poids ou en a perdu..) et de son caractère (elle est devenue irritable, colérique, dépressive…). Le récit des violences vous éclaire sur les changements que vous avez constatés.
Si vous êtes son compagnon ou sa compagne, vous avez sûrement constaté une dégradation voire l’abolition de tout désir sexuel chez votre compagne.
Dans tous ces cas, vous êtes témoin indirect des violences qu’elle subies et votre témoignage est précieux.
Comment rédiger une attestation ?
Le témoignage doit respecter la forme officielle et être accompagné de la photocopie recto/verso de la carte d’identité du témoin, de son passeport ou de son titre de séjour.
Modèle d’attestation à rédiger à la main
(art. 202 code de procédure civile)
Je soussigné-e…..
Né-e le ……
Domicilié-e à ……
Exerçant la profession de ……
(Indiquez si vous êtes parent, associé ou employé -e de l’une des parties)
Certifie exacts les faits suivants :
…………………………………………………………………………………………………………………………..
Décrire précisément les propos ou les gestes dont vous avez été témoin, que l’on vous a rapporté, ou ce que vous avez personnellement constaté en relation directe avec le récit de la victime. Il est important de rester factuel, relater des événements précis, circonstanciés et si possible les dater.
A recopier de manière manuscrite « Je sais que la présente attestation pourra être utilisée en justice, et je sais que je m’expose à des sanctions pénales en cas de fausses déclarations de ma part ».
Fait à … le ….
Signature
Pour en savoir plus : voir le site de l’AVFT en cliquant ici.