Les risques psychosociaux en chiffres
En raison de ces conséquences sur le fonctionnement, le stress coûte cher à l’entreprise. Plusieurs études montrent qu’il est « rentable » pour les entreprises d’investir dans la prévention des risques psychosociaux : les coûts des mesures de prévention collective sont amortis assez rapidement (de l’ordre d’une année).
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Au niveau européen, le coût du stress d’origine professionnelle était estimé, en 2002, à environ 20 milliards d’euros par an. Le stress serait également à l’origine de 50 à 60 % de l’ensemble des journées de travail perdues (Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail, 1999).
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En France, le coût social du stress (dépenses de soins, celles liées à l’absentéisme, aux cessations d’activité et aux décès prématurés) a été estimé en 2007 entre 2 et 3 milliards d’euros (étude INRS et Arts et Métiers ParisTech). Il s’agit d’une évaluation à minima, précise l’INRS.
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En effet, cette étude prend essentiellement en compte le « job strain » ou « situation de travail tendue » (combinaison d’une forte pression et d’une absence d’autonomie dans la réalisation du travail), qui représente moins d’un tiers des situations de travail fortement stressantes.
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D’autre part, les pathologies retenues sont celles qui ont fait l’objet de nombreuses études : maladies cardiovasculaires (infarctus, maladies cérébrovasculaires, hypertension…), dépression et certains troubles musculosquelettiques.
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Enfin, cette dernière estimation ne prend pas en compte toute la dimension du coût pour l’individu, en particulier la souffrance et la perte de bien-être que le stress occasionne. Or il a été montré que ce dernier pouvait représenter jusqu’à 2 fois les coûts des soins et des pertes de richesse.
De nombreuses études, aussi bien en France qu’en Europe, mettent en évidence l’importance des risques psychosociaux dans les entreprises :
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Selon les données du département des Risques Professionnels de la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS),
107 décès par suicide ont fait l’objet d’une demande de reconnaissance au titre des accidents du travail au cours de la période janvier 2008- décembre 2009 dont 56 en 2009.
Parmi les 107 suicides déclarés, 94 concernent des hommes (soit 88%) et 50 suicides déclarés (47%) concernent les professions intellectuelles supérieures et professions intermédiaires.
En 2010, il y a eu 136 demandes de reconnaissance pour des psychopathologies (142 en 2009) : 63 ont été reconnues en maladie professionnelle et prises en charge. 71 cas de suicides ont été déclarés en accidents du travail : 21 ont été reconnus.
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Selon le rapport de septembre 2011 du Réseau National de Vigilance et de Prévention des Pathologies Professionnelles
Les psychopathologies en lien avec le travail continuent de se développer.
Les troubles mentaux et du comportement sont le second type de pathologie recensés par la base de donnée, soit 22% des pathologies signalées.
Les femmes sont plus touchées que les hommes. Si ces pathologies représentent 15% chez les hommes, elles touchent le tiers des femmes (29%).
Les secteurs les plus touchés : l’administration publique, l’immobilier, le commerce, la santé, les services aux entreprises, les services collectifs
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Selon l’étude Sumer 2010
On note une augmentation de la proportion de salariés en situation de job strain (la « tension au travail » au sens de Robert Karasek, sociologue et psychologue américain qui a conçu en 1979 le questionnaire d’évaluation collective du bien être au travail qui permet d’ évaluer globalement la santé mentale au sein d’une entreprise et plus précisément l’intensité de la demande psychologique à laquelle est soumis un salarié, la latitude décisionnelle qui lui est accordée et le soutien social qu’il reçoit) et 22 % des salariés déclarent subir des comportements hostiles ou ressentis comme tels sur leur lieu de travail.
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Selon l’Observatoire de la vie au travail -2010
On note une augmentation du nombre de salariés stressés : 65% en 2010 contre 55% en 2009. Pour 58 % des salariés, la qualité managériale de leur entreprise est insuffisante et 60% évaluent défavorablement le climat social.
Les PME de 50 à 250 salariés et les salariés de statut public sont les plus exposées aux RPS. Les 35/45 ans sont les plus stressés et les plus affectés par leurs conditions de travail.
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Selon le Baromètre du bien-être au travail des français – Capital Santé (2010)
51% des cadres estiment que les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) affectent leur efficacité et niveau de stress.
Enfin, pour 33% des salariés, un risque élevé existe pour que leur travail leur cause de graves problèmes psychologiques et 11% des salariés sont en détresse.
L’existence de risques psychosociaux dans l’entreprise engendre également une diminution des résultats en termes de productivité et de qualité des produits ou services via les répercussions sur la santé et la performance des salariés.